Filière porcine L’industrie d’abattage et de découpe au bord du gouffre, selon le Sniv-Sncp
Alors que les prix payés aux éleveurs n’ont jamais été aussi élevés depuis 10 ans, le Sniv-Sncp tire la sonnette d’alarme pour une filière porcine « à l’agonie ». Selon les syndicats, les entreprises de découpe et d’abattage ont enregistré des pertes supérieures à 100 millions d’euros en 2011. Les industriels dénoncent notamment un marché du porc breton déphasé avec le marché européen, une offre déconnectée avec la demande et d’importantes distorsions de concurrence avec l’Allemagne.
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Ces pertes constituent, pour le Sniv-Scnp, la réalité qui se cache derrière un bilan 2011 du marché du porc breton que le syndicat qualifie d’« euphorisant ». Le prix de base au cadran a effectivement affiché un cours moyen de 1,309 € en 2011, soit une hausse de près de 15 % en un an. Mais pour les éleveurs, les résultats ne sont pas aussi positifs. Le coût de revient moyen a grimpé de 20 % dans le même temps, notamment à cause du l’augmentation du coût de l’alimentation animale.
Un Mpb déconnecté
Pour justifier ces mauvais résultats des entreprises d’abattage et de découpe, le Sniv-Sncp avance plusieurs raisons. Il tire d’abord à boulets rouges sur le marché du porc breton. « Cette organisation, qui impose à chaque abattoir un règlement intérieur dans lequel les devoirs (par exemple un quota obligatoire d’achat de porcs) sont bien plus nombreux que les droits, défie en permanence les principes les plus élémentaires de la concurrence. »
Le syndicat poursuit en rappelant que le Mpb ne côte pas la bonne référence produit. « Seulement 3,9 % des carcasses produites en France répondent à la définition du prix de base. Cette référence basse gène assurément les entreprises d’abattage-découpe pour établir une chaîne de valeur suffisante face à des clients qui peuvent prendre en référence un « prix cadran » sciemment sous-évalué et les met en situation de faiblesse. »
La pression des distributeurs
En aval de la filière, les entreprises d’abattage dénonce des conditions de marché de plus en plus rude et une concurrence espagnole et allemande de plus en plus féroce. « Sur la seule année 2010, les importations de pièces de porcs, principalement en provenance d’Espagne et d’Allemagne, ont augmenté de 3,9 %. » Et évoque un écart de coût horaire de la main-d’œuvre de 7 € entre la France et l’Allemagne.
La distribution fait ainsi pression auprès des abatteurs français pour que ces derniers « s’alignent sur le prix moyen européen ».
Face à ces difficultés, et alors que le coût de la main-d’œuvre française fait l’objet d’un débat autour de la mise en place d’une Tva sociale pour réduire les charges assises sur la masse salariale, le Sniv-Sncp réclame une réforme profonde du modèle économique de la filière. « Il nous reste peu de temps pour agir dans ce qui devrait être un véritable “Grenelle de la filière porcine française”. »
Des exportations pourtant en hausse
Malgré les doléances des industriels, ces derniers ont vu leurs exportations augmenter en 2011, selon le service statistique du ministère de l’Agriculture. De janvier à octobre, les exportations se sont accrues de 3,4 % par rapport à 2010. Ces exportations sont tirées par la forte demande des pays-tiers. Cette demande a augmenté de 17 % sur les 10 premiers mois de l’année 2011, et vient ainsi compenser le recul de la demande européenne (-1,1 % sur les 10 premiers mois de l’année).
Enfin, contrairement aux arguments des industriels, sur la pression de plus en plus forte de l’offre allemande et espagnole, les importations de viande porcine ont reculé de 1,7 % par rapport à 2010, toujours selon Agreste.
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